Le 17 août à Taizé…

Le 17 août à Taizé…

Je suis arrivé à Taizé le lendemain de la mort de frère Roger, non par précipitation après avoir appris la triste nouvelle mais car mon séjour là-bas était déjà prévu. Destin, chance ou malchance je ne sais pas, c’était une journée bizarre. A mon arrivée dans le milieu d’après midi un silence et un calme inhabituel régnaient à Taizé.

En parlant avec d’autre jeunes pendant la semaine j’ai compris ce sentiment. En plus de la tristesse apparente la fatigue était aussi là car exceptionnellement le soir de la mort de Frère Roger la prière du soir a continué jusqu’au bout de la nuit pour un certain nombre.

De plus l’après midi beaucoup de jeunes sont partis se promener dans la campagne autour de Taizé pour échapper à cette atmosphère pesante.

Durant cette semaine tout a continué comme d’habitude car pour les frères et pour tout le monde s’arrêter et se lamenter ne sert à rien. Cependant pendant le carrefour auquel je participais le matin était pour moi un peu différent de l’habitude. Nous avons traité le thème de la semaine mais le frère citait de nombreux exemple de Frère Roger et d’anecdotes sur sa vie qui imageaient le thème. Je ne sais pas si le frère avait préparé le thème ainsi ou s’il a cité tous ces exemples à la mémoire de Frère Roger. Ou peut être le carrefour prenait plus de portée pour nous que d’habitude.

Les prières aussi pendant toute la semaine avaient une profondeur comme jamais je n’avais connu à Taizé. Les chants et les textes sur le pardon et la réconciliation étaient les mêmes que d’habitude pourtant leurs significations dans ce contexte étaient particulières.

Ils exprimaient le sentiment que j’éprouvais mais me posaient beaucoup de questions. Il est sur que le pardon est important mais dans de telles circonstances je me si ce n’était pas un peu tôt pour pardonner. Question bête mais question quand même. J’en ai conclu que le pardon était sûrement la meilleure façon de faire le deuil, même si cela est un des actes les plus durs à accomplir.

Pour revenir sur la vie à Taizé tout continuai comme d’habitude sauf le soir ou Oyak le seul endroit ouvert d’habitude le était fermé personne n’y allait. Le second soir nous nous sommes assis avec d’autres Français pour discuter et d’autre aussi sont venu petit à petit parler dans le plus grand calme. Jusqu’à ce que l’un d’eux sorte la guitare et en quelques minutes ce fut deux guitares qui attaquaient les chants et l’ambiance était repartie comme avant.

Ce qui m’a beaucoup impressionné était l’accueil des gens devant la dépouille de Frère Roger. Le flot des gens n’arrêtait jamais, dans un silence contemplatif. Enfin le moment le plus fort de ma semaine à Taizé furent les obsèques. Tant de monde pour un homme si discret mais pourtant connu dans le monde entier cela était intense d’émotion. J’ai eu de la chance d’être au milieu de l’église pendant la célébration qui fut pour moi le résultat de toute la vie du Frère Roger, quoi de plus œcuménique que cette messe d’obsèques catholique pour un homme d’origine protestante célébrée par des représentants de toutes les religions chrétiennes.

Pour moi ce qui mit fin à beaucoup de questions et qui à été le moment fort dès le début de la messe fut ces quelques phrases de pardon du Frère Aloïs nouveau prieur de la communauté :

"Puisque Frère Roger ne souhaitait pas qu’on prononce beaucoup de paroles dans les églises, je voudrais terminer en priant. Dieu de bonté, nous confions à ton pardon Luminita Solcan qui, dans un acte maladif, a mis fin à la vie de notre frère Roger. Avec le Christ sur la croix nous te disons : Père, pardonne-lui, elle ne sait pas ce qu’elle a fait. Esprit-Saint, nous te prions pour le peuple de Roumanie et pour les jeunes Roumains tellement aimés à Taizé.

Toi, le Christ de compassion, tu nous donnes d’être en communion avec ceux qui nous ont précédés, et qui peuvent nous demeurer si proches. Nous remettons entre tes mains notre frère Roger. Déjà il contemple l’invisible. À sa suite, tu nous prépares à accueillir un rayonnement de ta clarté."

Pour moi cette semaine fut émouvante et le mot pardon a pris une autre dimension.

Alexis

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