Saint Jean-Baptiste et la prière (1)

Le coeur de l’homme, désert assoiffé de l’eau vive ?

Saint Jean-Baptiste apparaît dans l’Évangile comme un homme solitaire. Sa solitude n’est pas celle d’un original ou d’un contestataire…

Sa grâce propre et unique, est celle d’un homme tout donné à Dieu, à Dieu seul. Il est seul à défendre une parole, seul à la comprendre ; il est le seul à pouvoir montrer le Seigneur Jésus.

Il comprend la parole de Dieu en premier, il est doué d’une grâce de pénétration des choses de Dieu, qui n’a pu être acquise et approfondie que dans la prière.

La prière, c’est un élément de la figure du Baptiste dont on ne parle pas ! Pourtant, il est l’homme de la prière, l’homme de la communion avec Dieu. Comment le deviner ?

Deux éléments nous le font comprendre :

  • sa présence au désert
  • sa grâce sacerdotale (prêtre, prophète)

Cette identité de prêtre n’est jamais mise en avant en premier. Dans cet article, penchons-nous sur sa présence au désert.

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Le désert, lieu hostile ?

Il n’y a rien dans le désert, aucune vie, du moins en apparence.

Dans la bible, le désert est d’abord perçu comme le lieu de la malédiction, celui que Dieu n’a pas béni. La bénédiction de Dieu dans l’Ecriture donne en effet richesse, fécondité, abondance…

Là, dans le désert, rien, aucune vie. C’est la mort, le contraire du paradis, du bonheur et du bien être ; c’est le lieu du combat, des démons. Un lieu de malédiction. Un lieu dépouillé, un lieu agressif : chaleur trop intense, luminosité trop forte, absence de ressources (eau, nourriture…).

C’est le lieu du dépouillement pour ceux qui y vont. Le lieu où l’on est vulnérable, le lieu finalement idéal pour faire abstraction de tout, pour s’attacher à l’essentiel.

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Saint Jean-Baptiste au désert

Le Baptiste a séjourné longtemps au désert.

Un passage de la bible (évangile de Luc, chapitre 1, verset 80) nous dit : « cependant, l’enfant grandissait, et son esprit se fortifiait, et il demeurait dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël. »

Il a dû demeurer dans un désert proche de son lieu de naissance (Ein Karem), sûrement le désert de Judée, où l’on trouve tout de même quelques végétations, mais qui demeure un lieu de solitude, où il n’y a pas grand-chose…

Pendant la majorité de sa vie, Jean-Baptiste demeure dans des lieux désertiques.

Dans cette expérience du désert, paradoxalement, le désert apparaît comme le lieu qui contient la vie. Dans une expérience de dépouillement, il ne reste plus que ce qui compte, ce qui est : Dieu.

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Le désert, lieu de la Révélation

Le désert est le lieu de la Révélation, de la rencontre avec le Dieu de vie, le Dieu de vérité.

C’est le lieu favorable à la naissance spirituelle, à l’enfantement de la vie spirituelle, ainsi qu’à la maturation spirituelle. C’est avant tout le lieu de la rencontre avec Dieu.

Le désert apparaît finalement comme un lieu nécessaire, un lieu indispensable. Une expérience de désert est à faire.

Moïse a la révélation de Celui qui Est au désert.

Elie, autre grande figure prophétique, venu de la Galilée, a été envoyé par Dieu au désert à moment critique de son ministère pour y être renouvelé, pour y refaire ses forces, pour entendre sa voix dans le silence, dans la brise légère.

Le désert, est le lieu de la connaissance de Dieu, le lieu où, dans une rencontre personnelle, on va apprendre à connaître Dieu tel qu’il est.

Le désert, est le lieu privilégié de la contemplation : c’est l’expérience d’Israël qui reçoit la Torah, qui découvre celui qui Est à travers Moïse. C’est le lieu de la manifestation, de la gloire, du triomphe de Dieu.

Dans la Bible (Mat 24, 6), on apprend que c’est dans le désert que le Messie apparaîtra. Le désert est donc voué à disparaître. Ce sont toutes les prophéties d’Isaïe et de Jérémie, qui nous disent que le désert refleurira. C’est donc une situation, une réalité transitoire. Le désert est appelé à disparaître car quelque chose va apparaître : la présence de Dieu.

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Le vrai désert, c’est le cœur de l’homme…

Israël, quittant l’Egypte, le Seigneur l’envoie 40 ans au désert, vivre une expérience de purification. Israël va manifester tout son « vieil homme », va lutter contre Dieu. Dieu devant cette opposition du cœur de l’homme, de l’humanité exprimée à travers Israël, va manifester sa puissance et sa gloire, en multipliant les signes et les prodiges : à travers la nuée, la colonne de feu, à travers l’eau qui jaillit du rocher, à travers la manne, les cailles, etc.

Dieu manifeste sa gloire devant un cœur humain qui est dur, qui regimbe, qui s’oppose…

Le cœur de l’homme apparaît en opposition au désert qui est le lieu de la manifestation et de la puissance de Dieu, de la vie par excellence ; c’est le cœur de l’homme qui apparaît comme le lieu désertifié par excellence…

Il y a une rencontre mystérieuse à vivre entre deux déserts : celui qui est en nous, là où il n’y a rien ou là où il y a ce qui s’oppose à Dieu, et le désert qui est un contexte, un temps, un lieu, une attitude, un désert que Dieu habite.

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Le désert, lieu de préparation

C’est dans ce contexte que Jean-Baptiste va aller se retirer pour aller d’abord se préparer à un ministère de prédication et d’annonce. Pour lui, ce premier désert où il va vivre va être le lieu du dépouillement et le lieu du renoncement, pour lui-même. Il y a une logique, une pédagogie de Dieu qui l’envoie d’abord pour lui-même avant de l’envoyer au désert pour les autres.

Si, au Jourdain, le désert, lieu du silence, apparaît comme le lieu où une parole retentit, où une voix crie pour une prédication, pour un baptême de conversion et de repentance, le désert a d’abord été, avant, pour le Baptiste, le lieu de la préparation, de la préparation dans l’ascèse.

Dans un contexte difficile, d’offrande, il se prépare à sa prédication. Comme s’il nous fallait comprendre que les choses sont à mettre dans un certain ordre.

D’où Jean-Baptiste tiendrait-il la Parole qui le brûle, d’où tiendrait-il la Parole qui l’habite et qu’il aura à prononcer, s’il n’avait fait lui-même une expérience de rencontre avec Dieu, s’il n’avait été lui-même plongé dans un face-à-face avec Dieu ?

Le Baptiste est à considérer dans le désert.

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Jésus au désert, lieu de prière et de combat

Jésus lui aussi est allé au désert.

Ce désert, lieu de la prière, temps de la prière, est aussi le lieu du combat. Jésus à peine baptisé part au désert pour y être tenté durant 40 jours et 40 nuits.

Il va commencer à assumer non pas un ministère publique, mais ce qui est déjà le couronnement de tout son ministère, qui va être figuré dans la croix.

Le désert et la tentation au désert, c’est déjà d’une certaine manière le passage dans le mystère de la croix ; c’est déjà, pour Jésus, assumer le combat contre la mort et pour la vie, dans la tentation qui va l’opposer au malin. Et Jésus, dans le désert, va remporter une victoire, qui est annonciatrice de sa victoire sur la croix.

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Le désert, lieu de ressourcement

Et dans le désert que Jésus va choisir préférentiellement comme premier lieu d’expression de son ministère caché, mystérieux, le désert apparaît comme le lieu de la victoire, du ressourcement, le lieu où coule déjà l’Eau Vive qui va couler de son côté : c’est le mystère de la croix ; le lieu où existe quand même une nourriture : Jésus est le Pain de Vie, celui qui sera rompu sur la croix.

Le désert est donc le lieu où l’on peut trouver la vie, l’eau et le pain, pas dans une situation matérielle, mais dans une situation spirituelle. Jésus, remportant déjà une victoire contre le tentateur dans le désert, nous fait comprendre que le désert est déjà le lieu de l’accomplissement.

Dans le désert, l’apparence cède la place à la réalité. Dans tout ce qui est apparent de mort, de malédiction, qui se traduit dans la souffrance, dans la terreur, dans le mal, à travers la victoire déjà annoncée par le Baptiste et accomplie en Jésus, on voit que l’apparence s’efface devant l’être, devant la vie. C’est le temps de l’accomplissement, le temps de la réalisation, le lieu de la recréation.

Sortons de certaines images du désert comme lieu de la malédiction, voire de la punition. Entrons au désert, faisons une expérience du désert pour préparer la suite d’une vie spirituelle.

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Aller au désert pour prier

La prière est le temps privilégié de la rencontre avec le Seigneur, même si elle va supposer le combat, un temps de dépouillement, un temps de renoncement : ce sera tout cela en vue de grandir dans la connaissance de Dieu.

Il n’y a pas d’autre manière de connaître Dieu qu’en le voyant face à face. Il n’y a pas d’autre manière que de rentrer dans l’intimité de Dieu, qu’en étant confronté à lui là où il est.

Il est bien des situations dans la vie et dans le monde tellement dispersantes, que tout nous éloigne de Dieu. Il faudra donc se donner des conditions pour avoir une vie de prière. Cela supposera que dans une démarche intérieure, voire même jusque dans une démarche physique, nous allions au désert, que nous choisissions le désert.

Sinon, nous pouvons prendre le risque d’une illusion, d’être dans une vie d’illusion.

Nous donner les moyens de prier peut signifier partir, prendre du temps à l’écart.

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La prière, dans les statuts de la Fraternité Saint Jean-Baptiste

Le temps quotidien pour Dieu

11. Pour chacun des membres de la Fraternité, la vie de prière quotidienne s’organise autour d’un temps défini à partir de la trame suivante :

  • Louange
  • Lecture de la Parole
  • Oraison
  • Intercession

12. Chacun y consacre le temps nécessaire pour que grandisse l’Amour. Un partage régulier avec le père spirituel permet d’aménager ce temps pour Dieu. 13. Ce temps gratuit, offert à l’Amour, s’enracine dans une continuité, où chaque instant de la journée peut être vécu en se rendant présent à la Présence. C’est la prière du cœur.

14. Afin d’être en communion les uns avec les autres, et forts de ce que le Seigneur a donné à la Fraternité chaque membre dit quotidiennement une dizaine d’un chapelet ainsi que la prière de Charles de Foucauld : « Mon Père ».

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