Au risque de dire une évidence, je ne vis plus du tout le Carême comme avant.
Je voudrais vous témoigner une évolution, une conversion, même.
Je crois qu’avant, je prenais le choses un peu à l’envers, c’est-à-dire que le carême était un moment « gris », difficile, un chemin caillouteux de sacrifices, d’efforts, de jeûne… Le jeûne alimentaire, quelle catastrophe pour moi : avoir faim me stresse complètement, je boue intérieurement, et je m’énerve sur tout ce qui bouge autour de moi. Un peu limite comme témoignage. Ou alors, jeûner et ermite à la rigueur.
Sous prétexte de montrer mon attachement au Christ, il fallait « en baver » ; voilà qu’elles mes dispositions d’esprit à l’époque.
Une année, pendant mes études supérieures, un prêtre m’a invitée à ne pas jeûner, pour respecter mon devoir d’état : j’avais mes études à assurer, c’était ma priorité, et comme le jeûne m’empêchait d’y être fidèle et me rendait invivable, il valait mieux laisser tomber.
C’est ainsi que petit à petit, j’ai appris à inverser la hiérarchie des priorités d’un « bon » carême, sans culpabiliser.
Pour terminer avec le jeûne, une femme enceinte ou allaitante est dispensée : priorité au bébé ! (Ça m’arrange bien en ces temps de construction de la famille…)
Plus important, je vis aujourd’hui le carême comme un temps que l’Église nous propose pour nous unir davantage à Jésus-Christ.
Et c’est bien là l’essentiel.
Un peu comme une longue retraite, un temps de cœur à cœur avec Dieu, de plus grande intimité avec mon Créateur et Sauveur, que tout le reste de l’année.
Une relation d’amour avant tout.
Et tous les actes concrets d’amour que je peux trouver à poser pendant le carême trouvent leur source et leur but dans ce cœur à cœur. Si un acte m’en éloigne ou me rend invivable, je laisse tomber.
J’adapte chaque carême à ce que je suis cette année-là : jeune maman, enceinte ou pas, allaitante ou pas, le rythme quotidien qui s’accélère d’année en année, etc…
Un exemple qui peut paraître paradoxal : je peux avoir besoin de me reposer et c’est un réel effort pour moi d’arrêter, de lâcher prise, un effort de volonté de décider de lâcher prise sur le rythme parfois dingue. Pour « venir à l’écart et se reposer un peu », comme dit Jésus.
C’est accepter de ne pas être irremplaçable aussi. J’apprends à m’accepter sans culpabiliser ni comparer.
Tout ce qui précède, c’est dans l’idéal… Dans la réalité, la vraie qui tache, les journées de carême sont très souvent identiques aux autres, avec trois enfants entre 1 et 6 ans, avec une grande maison… Le temps passe à tout allure avec l’impression qu’il s’es passé une semaine bien courte entre le mercredi des Cendres et le dimanche des Rameaux !!
Eh bien oui, mon devoir d’état est tel qu’il est et les années de croissance de la famille exigent cela de moi en priorité. Fiat. « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime quand même. »
Le Carême « retraite en cœur à cœur » en plein désert avec une Bible sera pour plus tard !