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Monseigneur Pascal ROLAND, Evêque de Belley-Ars Décembre 2012

Lettre pastorale pour l’Avent 2012 et l’année de la Foi.

Je suis heureux d’être parmi vous avec la mission de vous entraîner à vivre pleinement de l’Evangile et à le faire connaître à nos concitoyens. Nous entrons maintenant dans un nouveau cycle liturgique. Nous avons la chance d’y entrer avec l’élan impulsé par le rassemblement de Pentecôte 2012. Par ailleurs, le contexte ecclésial est particulièrement porteur avec l’Année de la foi, la célébration du cinquantième anniversaire du Concile Vatican II et du vingtième anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Eglise Catholique ; sans compter la perspective du rassemblement national Diaconia 2013, destiné à stimuler l’exercice de notre charité pour mieux l’intégrer à notre quotidien. Afin de vous aider à bien entrer dans ce temps de l’Avent et dans la nouvelle année inaugurée par celui-ci, je vous propose de lire le récit de l’appel des premiers disciples dans l’Evangile selon saint Jean (Jean 1, 35-51, voir en bas de page). Il s’agit d’une série de rencontres qui manifestent comment s’opèrent la découverte et la propagation de l’Evangile. Méditer sur ces rencontres peut aider chacun d’entre nous à se souvenir de ce qui l’a conduit à connaître le Christ, pour réveiller le don reçu alors. Cela doit également inciter à aller plus loin dans la rencontre personnelle du Christ, et à susciter l’audace de témoigner pour faciliter de nouvelles rencontres. Cette méditation nous rappellera que l’évangélisation n’a rien à voir avec une idéologie, mais qu’elle est la rencontre du Dieu vivant en la personne de Jésus : « A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. » (Benoît XVI, exhortation apostolique Verbum Domini, n°11). Il est en effet nécessaire de demeurer auprès de Jésus pour le découvrir en vérité. De la même façon qu’André et Jean sont réceptifs au témoignage de Jean-Baptiste, nous avons, nous aussi, d’abord à être disponibles aux témoignages de nos frères et à consentir à un contact personnel avec le Christ. Si nous sommes attentifs, nous ne manquerons pas de voir Jésus qui se tourne vers nous pour nous interpeller : « Que cherchez-vous ? ». Il nous interroge sur nos aspirations les plus profondes et nous suggère d’oser un déplacement pour répondre à l’invitation « Venez et vous verrez ». Il est en effet nécessaire de demeurer auprès de Jésus pour le découvrir en vérité. Cela pose concrètement la question du temps que nous acceptons de consacrer à la prière silencieuse, à la méditation des Ecritures, et à la participation fidèle à l’Eucharistie. Dans cette rencontre personnelle, comme Simon-Pierre, nous avons à nous laisser toucher par le regard aimant de Jésus qui se pose délicatement sur nous ; comme Philippe, nous serons parfois saisis par un appel impératif : « Suis-moi ! » ; ou, comme Nathanaël, nous serons étonnés de découvrir combien Jésus nous connaît déjà de façon intime et voit tout ce qu’il y a de beau dans notre cœur. Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même Ceci dit, comme Jean-Baptiste et André, nous avons aussi la mission de désigner Jésus à nos proches et d’annoncer explicitement son identité : il est l’Agneau de Dieu et le Messie, autrement dit, le Fils de Dieu qui vient pour nous sauver. Ce n’est pas manquer de respect aux autres que de témoigner. C’est au contraire servir la liberté des personnes que de proposer de rencontrer celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6) et qui rejoint un désir profond inscrit au cœur de tout être humain. Mais la question est de savoir si la rencontre de Jésus nous brûle vraiment le cœur et si nous sommes conscients que celui-ci veut étendre son amitié à tout le monde. « Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer », disait Jean-Paul II, au seuil du nouveau millénaire. N’oublions pas non plus que si le témoignage de Jean-Baptiste est audible et crédible, c’est parce que ce dernier mène une vie en cohérence avec ce qu’il annonce : la sobriété de son vêtement et de son alimentation témoignent que sa richesse réside ailleurs que dans des biens matériels. Enfin le témoignage rendu jusqu’à la mort manifeste combien son engagement pour le Christ est sérieux. Nous savons qu’il n’y a pas de véritable évangélisation si la parole ne se concrétise pas : « Celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte (…) C’est par mes actes que je te montrerai ma foi. » (Jacques 2, 17-18). Le premier témoignage que nous avons à donner est celui de la communion fraternelle. Il ne vous a certainement pas échappé que l’un des axes majeurs du concile Vatican II est précisément la mise en valeur de l’ecclésiologie de communion. Celui-ci nous enseigne que l’Eglise est « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain… ». On attend de nous que nous manifestions qu’il est possible de vivre la communion fraternelle dans le respect des individualités. Bien sûr notre message ne sera pas crédible si nous ne sommes pas unis : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jean 13, 35). La communion fraternelle est une exigence de la mission. Mais, plus fondamentalement, nous devons être conscients d’appartenir les uns aux autres comme les membres d’un seul et unique corps : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous (…) Vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps. » (1 Co 12, 7 + 27). Il nous faut donc réaliser et manifester une fraternité effective, au-delà des copinages, des solidarités de milieu, des idéologies de toutes sortes. Je compte sur vous tous les diocésains, adultes, jeunes et enfants, prêtres, diacres et laïcs, religieux et religieuses, pour donner le témoignage d’une Eglise unie autour de son évêque, successeur d’Apôtre, dans le service de nos frères. Les domaines dans lesquels nous avons à témoigner sont nombreux. Etant donné le contexte actuel et les difficultés que traverse la famille, j’insisterai particulièrement sur la nécessité de soutenir la famille en tant que cellule fondamentale de la société et de l’Eglise. C’est en effet là que chacun se construit et apprend à vivre en société. C’est aussi le premier lieu de transmission de l’Evangile et d’apprentissage de la vie chrétienne. Il importe aussi de nous réapproprier notre foi pour être capables d’en rendre compte. Je vous invite donc à méditer le credo et à assimiler les grands textes du concile Vatican II, dont Jean-Paul II a écrit qu’il constituait « la grande grâce dont l’Eglise a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence. » Approfondir votre chemin de foi Je compte sur vous tous pour faire de cette Année de la foi une année de renouveau au service de la mission. Le concile Vatican II rappelle qu’au titre du baptême et de la confirmation nous sommes tous responsables de l’évangélisation. Aussi avons-nous le devoir de nous engager plus radicalement dans la belle démarche d’évangélisation qui renouvelle déjà le diocèse depuis 6 ans. Je vous souhaite un enthousiasme renouvelé à la rencontre du Christ vivant, une meilleure écoute des Ecritures dans la lumière de la Tradition, pour approfondir votre chemin de foi ; un travail de mise en lumière de votre joie de croire, une plus grande communion fraternelle, un témoignage plus entier et plus audacieux au service de vos frères. En un mot, je vous souhaite de vous convertir ! Ouvrir nos cœurs et entrer résolument dans une démarche de conversion Le temps de l’Avent nous invite à préparer les chemins du Seigneur. Nous devons entendre cette invitation de deux façons. D’une part, il nous revient d’ouvrir nos cœurs et d’entrer résolument dans une démarche de conversion personnelle et collective, pour accueillir celui qui vient nous renouveler. D’autre part, il nous est demandé de témoigner autour de nous, en paroles et en actes, comme Jean-Baptiste, et de réveiller l’attention de tous en annonçant avec lui : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » (Jean 1, 26). Que saint Jean-Baptiste, le patron de notre diocèse, mais aussi toutes les grandes figures de notre histoire locale, Anthelme, Arthaud, Vincent de Paul, François de Sales, Jean-Marie Vianney, Pierre Chanel, Jean-Baptiste Bottex, Gabriel Taborin, Rosalie Rendu et tant d’autres encore, nous stimulent pour mieux accueillir et partager le trésor de la Bonne Nouvelle ! **** Les premiers disciples (Jean 1, 35-51) Le lendemain, Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir. André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre). Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontre Philippe, et lui dit : « Suis-moi. » (Philippe était de Bethsaïde, comme André et Pierre.) Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et tu verras. » Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare : « Voici un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir. » Nathanaël lui demande : « Comment me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du au-dessus du Fils de l’homme. »

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