Arvo Pärt, compositeur œcuménique ?

Découverte personnelle

Quand j’ai découvert Arvo Pärt, je pensais que la musique contemporaine était forcément dissonante et je ne pouvais pas l’écouter ni l’aimer.

C’était en 1989. Je passais à la FNAC et je suis tombé devant une pochette d’un vynile qui m’a attiré l’œil : papier mat rugueux et encre sérigraphiée.

J’ai demandé à pré-écouter le disque et j’ai acheté les 2 CD. Il s’agissait d’Arbos et de Passio.

Depuis, j’ai acheté tous les CD d’Arvo Pärt parus en France et si jamais vous me lancez sur le sujet, je serais intarissable !

Présentation rapide

Arvo Pärt est un compositeur contemporain.

N’allez pas croire que ce qu’il compose est dissonant et cacophonique [1] !

Il a mis au point une technique d’écriture musicale extrêmement dépouillée, où, parfois, le silence prend plus de place que la musique.

Les musicologues disent que ce qu’il écrit aurait techniquement pu être écrit il y a 400 ans, mais qu’il avait fallu attendre aujourd’hui pour oser écrire comme il le fait.

Compositeurs œcuménique ?

Le parcours spirituel d’Arvo Pärt est étonnant :

  • d’origine juive
  • il se convertit au christianisme orthodoxe
  • encore en URSS, il écrit un Credo en latin (habituellement utilisé par l’Église catholique)
  • il demande à être expatrié d’URSS au nom de sa juivitude
  • il s’établit en Autriche (pays plutôt Protestant)
  • il fait chanter nombres de ses œuvres en Angleterre (pays Anglican)

Et les textes des jaquettes de ses CD qui le présentent n’hésitent pas à parler du « très chrétien », ou du « très croyant » Arvo Pärt.

Un homme spirituel

La musique d’Arvo Pärt ne peut pas laisser insensible. Cet homme nous parle de Dieu. Cet homme parle à Dieu. Et parfois, Dieu nous parle par cet homme !

En tout cas, pour moi, Arvo Pärt a été l’occasion de vivre 3 expérience spirituelles très fortes.

Re-découverte de Marie

Son Stabat Mater est une pièce où il a su exprimer tout à la fois :

  • toute la douleur de Marie au pied de la croix
  • et par 3 fois, dans une envolée de violon, la danse de Marie voyant le Salut s’accomplir sous ses yeux

Pour moi, ça a été une révélation : Marie au pied de la Croix a tout a la fois vécu la plus grande douleur qui soit, et en même temps, elle était remplie de joie devant le Salut offert à tous par son fils !

Durant des années, je n’avais pensé qu’à la douleur. Les films, les autres Stabat Mater n’évoquent que la douleur. Arvo Pärt m’a fait découvrir la joie au pied de la croix.

Prière continuelle

En 1997, sur mon lieu de travail, j’ai écouté pendant des heures (des semaines ?) à volume très réduit pour ne déranger personne le CD Litany.

Au bout d’un moment, j’en été venu à ne plus savoir si le morceau été encore joué ou s’il continuait dans ma tête. C’était une prière litanique qui avait fait son chemin jusque dans mon cœur pour y demeurer.

Pour la première fois de ma vie, j’ai expérimenté la prière continuelle, et j’étais bien !

Inspiré par cette prière, me rendant en voiture à une rencontre de la Frat, je me suis mis à réciter un « Je te salue Marie » inspiré de cette musique durant 2h, jusqu’à en avoir mal à la gorge. Et 10 ans après, ce « Je te salue Marie » m’habite toujours.

Face à face avec Dieu

Darf Ich et un morceau qui m’a bouleversé. Rien qu’à l’évoquer, j’en frisonne : « Seigneur, oserais-je te regarder en face ? ». Voilà la question que ce morceau de musique pose. Comme d’habitude avec Arvo Pärt, quelques notes, au violon cette fois-ci et je me retrouve devant la question de ma vie, de ma mort et de me retrouver face à Dieu.

Merci Arvo Pärt d’avoir su me faire toucher un peu plus Dieu en me touchant avec ta musique !

Jacques

[1Sinon, je n’aurais pas pu l’apprécier

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